- LIBYE - Actualité (1990-1996)
- LIBYE - Actualité (1990-1996) P align=centerJamahiriya arabe libyenne populaire et socialistePolitique intérieureLe 24 octobre 1992, le gouvernement entreprend une décentralisation prévoyant un découpage administratif en quelque 1 500 communes «autogérées». La mise en place de ces entités, dotées théoriquement d’une autonomie administrative, politique et financière, s’inscrit dans la ligne de l’«État de masses modèle» prôné par le colonel Kadhafi, le «guide de la Révolution», en 1977. Selon ce dernier, la décision correspond au besoin d’éliminer la corruption.En juin 1995, puis à nouveau en mars 1996, de violents affrontements opposent les forces de l’ordre à des rebelles islamistes, dans la région de Benghazi.Vie économiqueEn août 1991, le colonel Kadhafi inaugure la première tranche de la Grande Rivière artificielle, réseau de canalisations destiné à irriguer la zone côtière du nord-est du pays avec de l’eau pompée dans le sous-sol du désert du Sud-Est libyen.En 1992, l’embargo imposé par les Nations unies cause des pertes estimées à 4,62 milliards de dollars. En prévision, les autorités libyennes ont retiré des banques européennes des actifs financiers évalués à une somme de 2 à 3 milliards de dollars, pour les placer dans des établissements du Moyen-Orient.Par ailleurs, des pertes importantes sont enregistrées dans le domaine de l’agriculture et de l’élevage. Le trafic de la compagnie Libyan Airlines baisse de 62 p. 100. Les exportations pétrolières chutent de 44 p. 100.En 1994, la baisse des cours du pétrole entraîne un arrêt des investissements nouveaux et un allongement des délais de paiement à l’égard des fournisseurs de l’État. La compagnie pétrolière nationale, National Oil Corporation, signe avec un consortium de sociétés européennes une série d’accords en vue d’exploiter un gisement de pétrole dans la région de Mourzouk. Le colonel Kadhafi annonce le début de la distribution des revenus du pétrole à tous les Libyens, en commençant par les familles à bas revenus.En 1995, les effets des sanctions internationales continuent de peser sur l’économie libyenne qui les supporte toutefois assez bien, l’embargo ne concernant pas les exportations pétrolières.En 1996, la hausse des prix, l’accroissement du chômage, la dépréciation de la monnaie accentuent encore les effets d’une crise sociale qui se traduit par une augmentation de la criminalité, de la consommation de drogue et une attention plus soutenue aux thèses islamistes.Relations internationalesAu cours de la guerre du Golfe, en janvier 1991, la Libye, tout en affirmant sa solidarité avec les Arabes et les musulmans et en désapprouvant l’intervention occidentale, ne fait aucun geste pour soutenir Saddam Hussein.Le 21 janvier 1992, le Conseil de sécurité de l’O.N.U. adopte à l’unanimité, à l’initiative des États-Unis, de la Grande-Bretagne et de la France, la résolution 731 qui met en cause la Libye dans les attentats contre un Boeing-747 de la Pan Am, au-dessus de l’Écosse, le 21 décembre 1988 (270 morts), et contre un DC-10 d’U.T.A., le 19 septembre 1989 (170 morts), au-dessus du Niger. L’O.N.U. «demande instamment» à la Libye de livrer 2 de ses agents impliqués dans l’attentat contre le Boeing et enjoint Tripoli de coopérer à l’enquête sur l’attentat contre le DC-10. Le 31 mars, le Conseil de sécurité de l’O.N.U. adopte la résolution 748, qui prévoit un embargo aérien et militaire contre la Libye, si Tripoli n’a pas livré, d’ici au 15 avril, les 2 Libyens réclamés par Washington et Londres et autorisé la justice française à auditionner 4 agents libyens. Le 14 avril, la Cour internationale de justice de La Haye rejette les mesures conservatoires réclamées par la Libye. Le 15, la Libye refusant de livrer ses ressortissants, la résolution 748 du Conseil de sécurité de l’O.N.U. entre en vigueur.Le 31 mai 1993, un groupe de 192 pèlerins libyens se rend à la mosquée al-Aqsa de Jérusalem, troisième Lieu saint de l’islam, à l’occasion de la fête du Sacrifice. Dénoncée par les Palestiniens, l’opération, qui a été décidée en accord avec les États-Unis, est présentée par le gouvernement israélien comme une initiative susceptible d’atténuer la tension entre les pays arabes et l’État juif avec lequel la Libye est officiellement toujours en guerre. Le 1er juin, lors d’une conférence de presse, les pèlerins libyens nient l’existence d’Israël et appellent à la libération des Lieux saints. Leur visite est écourtée, ils quittent le territoire le lendemain.Le 19 septembre, la Libye s’oppose formellement à l’accord israélo-palestinien signé le 13 à Washington.Le 11 novembre, le Conseil de sécurité des Nations unies adopte une résolution qui étend les sanctions internationales contre la Libye (gel des avoirs à l’étranger des entreprises et du gouvernement, excepté ceux qui sont liés au commerce du pétrole et des produits agricoles).Le 3 février 1994, la Cour internationale de justice de La Haye déboute Tripoli de sa demande concernant la bande d’Aouzou. Un accord signé entre le Tchad et la Libye le 4 avril prévoit que le retrait libyen devra être achevé le 30 mai.Le 2 septembre 1995, le colonel Kadhafi invite les quelque 30 000 travailleurs palestiniens qui vivent en Libye à «rentrer chez eux». Il entend ainsi démontrer l’échec du processus de paix israélo-palestinien, auquel il est hostile.Le 6 septembre, des affrontements meurtriers opposent la police à des militants islamistes, à Benghazi.À partir du 7 septembre, des milliers de travailleurs immigrés égyptiens, soudanais et palestiniens, accusés d’être des extrémistes infiltrés, sont expulsés. Les expulsions de Palestiniens sont qualifiées de «départs volontaires».Le 25 octobre, le colonel Kadhafi suspend temporairement l’expulsion des Palestiniens, afin de laisser «au monde» un délai pour «résoudre la question palestinienne».En mars 1996, la Libye et la Russie signent un accord de coopération économique portant sur plus de 10 milliards de dollars de contrats divers.Le 5 août, le président Bill Clinton signe la loi D’Amato-Kennedy, d’origine républicaine, qui prévoit la possibilité d’imposer des sanctions, sur le territoire américain, à toute société qui investirait plus de 40 millions de dollars par an dans le secteur des hydrocarbures, en Libye ou en Iran. Les pays européens protestent. Les États-Unis renforcent ainsi unilatéralement l’embargo international décrété à l’encontre de Tripoli et de Téhéran en raison de leur soutien présumé au terrorisme international.
Encyclopédie Universelle. 2012.